L’Office de la Circoncision de Sens (manuscrit 46 de la Médiathèque municipale de Sens)

Noté au début du XIIIe siècle afin de canaliser les excès de la fête des fous, l’office de la Circoncision de Sens (Sens, Médiathèque municipale, ms 46) est très proche d’autres offices de la Circoncision composés pour la cathédrale de Beauvais, notamment celui contenu dans le manuscrit Londres, British Library, Egerton 2615. Mais cette similitude ne doit cependant pas masquer l’inscription de l’office de Sens dans la liturgie sénonaise. Deux niveaux de répertoire se dégagent : le répertoire habituel des antiennes et des répons et celui des chants tropés et des conduits qui viennent embellir la liturgie de la journée. Si la première catégorie se retrouve dans les autres manuscrits de la cathédrale de Sens, avec cependant quelques adaptations, les tropes et les conduits sont principalement ceux notés dans les offices beauvaisiens, et pour un grand nombre déjà présents dans le manuscrit normano-sicilien Madrid, Biblioteca nacional, ms 289 (c. 1140). On remarque également qu’un rondeau en latin et un conduit sont également copiés dans le manuscrit Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 29.1, originaire de la cathédrale de Paris. Le scribe de Sens 46 a cependant cherché à introduire dans l’office sénonais quelques mélodies particulièrement prisées à la cathédrale de Sens, principalement des longs mélismes mais également une prosule, uniquement notée dans les manuscrits sénonais.
L’office de la Circoncision de Sens regroupe ainsi des influences sénonaises et normano-picardes. Mais alors que l’archevêque sénonais Pierre de Corbeil, anciennement chanoine de la cathédrale de Paris, semble avoir été à l’initiative de la copie de cet office, le répertoire dit « parisien », pourtant en plein essor au début du XIIIe siècle, est sous représenté dans l’office de Sens.